La Plume parcourt le Net

Renaud Camus : Discours d’Orange, 4 novembre 2012

7 novembre 20120
Renaud Camus : Discours d’Orange, 4 novembre 2012 5.00/5 3 votes

Publié le : 05 novembre 2012

Source : in-nocence.org

(Discours prononcé par Renaud Camus au palais des Princes, à Orange, Vaucluse, le dimanche 4 novembre 2012, en tant qu’invité extérieur de la Convention des dix ans du Bloc Identitaire)

Mes chers compatriotes,

(& Chers Amis étrangers, car j’ai cru remarquer qu’il y avait dans la salle beaucoup de représentants de nations voisines, et qui nous sont chères)

Mes chers compatriotes,

C’est Poitiers qui m’a conduit à Orange.

Le parti de l’In-nocence et moi nous sommes pleins d’admiration pour l’action menée le 20 octobre dernier par le groupe de jeunes gens de Génération Identitaire qui, quelques heures durant, ont occupé le toit du chantier de la future grande mosquée de Poitiers.

Nous sommes plein d’admiration pour leur courage, bien sûr, pour leur patriotisme, pour leur attachement à notre civilisation, pour leur refus de la voir submergée par d’autres qui ne la valent pas, en tout cas pas pour nous, pas ici, pas sur le territoire de notre patrie ; mais plein d’admiration aussi pour leur intelligence, et, si vous me permettez l’expression, pour leur in-nocence.

Pour leur intelligence parce que, de toutes les actions auxquelles ils auraient pu se livrer pour essayer de réveiller notre peuple hébété par l’endoctrinement de tous les instants, il n’en est aucune qui eût pu être plus judicieusement choisie.

Poitiers, même après cinquante ans d’enseignement de l’oubli, Poitiers a encore un sens.

Charles Martel aussi.

732 veut dire quelque chose.

(D’ailleurs j’ouvre ici une parenthèse pour dire que je suis en désaccord complet, sur ce point, avec mon amie Élisabeth Lévy, de Causeur, qui dans un article que je n’ai pas compris, en son magazine, a paru insinuer que la bataille de Poitiers était un mythe historique, comme si elle n’avait jamais existé vraiment.

Certes Charles Martel ne s’est appelé Charles Martel que bien plus tard, et précisément en souvenir de la bataille, mais cette bataille est un événement historique indéniable, elle a vu s’affronter des masses d’hommes considérables, et nous ne devons pas laisser envoyer dans les limbes du mythe, pan par pan, tous les événements et tous les emblèmes de notre histoire nationale.

On a déjà voulu nous arracher les Gaulois, nous n’allons pas nous laisser dépouiller de Poitiers).

Qui plus est cette mosquée, pour en revenir à elle, n’est encore qu’un chantier, le parti de l’In-nocence a écrit, dans un communiqué de soutien enthousiaste, qu’elle n’était pas consacrée, qu’on ne pourrait pas faire aux occupants provisoires le reproche de profanation.

On nous a rétorqué que nous n’y connaissions rien, que les mosquées n’étaient pas consacrées, qu’il n’y avait pas un avant et un après consécration, qu’Allah se vénérait partout, en tout temps et en tout lieu, qu’il n’y avait pas de frontière entre le profane et le sacré, entre le religieux et le civil, entre le consacré et le laïque.

Nous répliquons que c’est bien le problème.

Et pour ce qui est de l’ignorance nous plaidons coupable, il ne s’agit pas de notre religion, pas de notre culture, pas de notre civilisation.

Cela ne nous empêche pas de reconnaître sa grandeur, sa majesté, la beauté de ses réalisations les plus hautes, les chefs-d’œuvre qu’elle a produits, dans le domaine de la poésie, de la mystique, de la musique, des arts appliqués, de l’architecture même.

Mais de ces chefs-d’œuvre cette future mosquée de Poitiers, consacrée ou pas consacrée, ne semble pas devoir faire partie.

Elle parait relever plutôt de ce style imitatif et dérivatif que les peuples colonisateurs pratiquent volontiers dans les pays qu’ils colonisent parce qu’il leur rappelle, sur un mode affadi, pâlement répétitif, nostalgiquement évocatoire, leur contrée d’origine.

Quoi qu’il en soit, à ma connaissance, il ne lui a été fait aucun dommage, à cette mosquée.

C’est là qu’à l’intelligence de nos héros, tel qu’en témoigne leur choix du lieu et du moment, du symbole, s’ajoute leur in-nocence, qui achèvent de les rendre admirables.

L’in-nocence, vous le savez, c’est le fait de ne pas nuire, de ne pas nocer, du latin nocere, porter tort, de ne pas exercer de nocence, de nuisance, que ce soit à l’égard des personnes ou des biens, du patrimoine ou de la nature.

La nocence, au contraire, c’est bien entendu le fait de nuire, de nocer, porter tort, d’agresser, d’effrayer, de vandaliser, de détruire, de polluer.

La nocence va des fameuses incivilités, dont la profusion gâche la vie des voisins et des riverains et bien souvent les oblige à fuir vers d’autres parages, jusqu’à la violence armée, le terrorisme et cette mystérieuse ultraviolence inédite, on se demande pourquoi, dont le complexe médiatico-politique s’étonne qu’on ne l’ait pas observée plus tôt au sein de notre histoire et de notre peuple, même dans le cadre du traditionnel, hélas, grand banditisme.

C’est pour avoir suggéré, dans un discours itititulé “La nocence, instrument du Grand Remplacement”, prononcé il y a deux ans aux Assises sur l’islamisation de nos pays, que la nocence, l’ultra-nuisance, l’ultra-violence, l’importunité et l’agressivité continuelles, l’insécurité, en somme, comme disent les journaux, loin d’être une somme de cas particuliers qu’il fallait laisser traiter par la police et la justice — lesquels s’en montrent bien incapables vous l’aurez remarqué — étaient l’instrument même du changement de peuple, de la conquête territoriale, de la colonisation, et relevaient en conséquence, et par excellence, de la politique et non pas de la police, de l’histoire et non pas de l’administration de la justice, du choc des civilisations et non pas de l’étude d’une quelconque insatisfaction sociale, de la guerre en un mot et non pas de la sociologie, c’est pour avoir suggéré cela, donc, que je suis aujourd’hui poursuivi, traîné devant les tribunaux, menacé d’amende et de prison.

C’est peu de chose, apparemment, comparé à ce qui se fomente en haut lieu contre les martelliens de Poitiers.

Voilà des garçons et des filles qui n’ont rien détérioré, qui n’ont agressé personne, qui sont simplement monté sur le toit d’un bâtiment en construction pour y déployer des banderoles et y parler dans un porte-voix, qui n’ont fait que réclamer une consultation du peuple c’est-à-dire, officiellement, ce qu’il y a de plus démocratique dans notre République, qui ne se sont livrés à aucun chantage, qui n’ont opposé aucune résistance aux forces de police, bref dont le comportement a été exemplaire de bout en bout et, j’y reviens, rigoureusement in-nocent.

Il est vrai qu’ils ont pénétré dans un local qui ne leur appartenait pas et ont procédé à une manifestation sans avertissement préalable.

On conviendra que ce sont là péchés véniels, surtout s’agissant d’un bâtiment public dont la construction mobilise, directement ou indirectement, beaucoup d’argent public.

Surtout, ce qui est frappant, ce qui frappe tout le monde, c’est la formidable différence de traitement dont témoignent les réactions policières, judiciaires, politiques à cette action pacifique, in-nocente, et, en comparaison, celles qui accueillent invariablement des nocences quotidiennes qui ont pour elles d’être perpétrées, elles, par les enfants chéris de l’antiracisme dogmatique, ses protégés adorés, qui, s’il leur arrive d’agir mal, eux, c’est uniquement la faute de la condition sociale qui leur est faite, de l’injustice dont ils sont victimes, du racisme, en somme, de sorte que plus la race présumée raciste est victime, plus elle est coupable.

Les torts qu’elle subit ne sont qu’une chose, la preuve des torts qu’elle inflige.

Des dizaines d’églises sont profanées tous les ans, ça n’intéresse personne, ça n’indigne même pas le clergé catholique, qui n’a qu’un souhait, qu’il en soit question aussi peu que possible, tant il est suspect d’être victime des protégés à vie du Mrap, de SOS Racisme et de la Licra, et surtout d’oser s’en plaindre, c’est-à-dire de se livrer à la trop fameuse stigmatisation, un mot dont le dernier et ridicule avatar est une plaie de plus dans le corps de Notre Seigneur Jésus Christ.

Nos amis les mosquetaires de Poitiers sont gardés à vue plusieurs jours durant, assignés à résidence dans leurs départements respectifs, soumis à d’humiliants contrôles judiciaires, poursuivis sous des chefs d’accusation de la plus haute gravité qui peuvent leur valoir des mois de prison et des fortunes d’amende, eux qui n’ont rien cassé, rien détruit, rien profané, rien volé il va sans dire, insulté personne, blessé personne, humilié personne sinon les lâches qui sont jaloux de leur courage et qui les insultent pour faire comme tout le monde, croient-ils, et pour conserver leurs misérables petites prébendes et leur autorisation de parole au sien du complexe médiatico-politique.

Dans le même temps tels qui traînent la France dans la boue dans leurs chansons débiles et lui promettent les pires sévices, qui encouragent au meurtre de policiers, qui dépeignent le trafic de drogue comme une espèce de devoir d’état pour un bon sensible des quartiers sensibles, ceux-là font à peine lever un sourcil, il faut bien que jeunesse se passe, et que sensiblerie s’exprime.

Or ce que je crois c’est que ce “deux poids deux mesures” saisissant, vertigineux, dont l’affaire de la mosquée de Poitiers est l’exemple le plus extrême, n’est pas un accident périphérique mais qu’il est au cœur de l’antiracisme dogmatique, et même de l’antiracisme tout court, depuis qu’il a cessé d’être une morale pour devenir une doctrine, un instrument de pouvoir et de domination, ce qu’Alain Finkielkraut et moi derrière lui avons appelé “le communisme du XXIe siècle”.

Cette contradiction, cet illogisme sont au cœur du système et ils sont ce qui va le faire s’effondrer, logiquement d’abord, politiquement ensuite, dans les faits, comme le communisme avant lui.

Je n’aime pas parler de la Shoah, ce mot inventé a posteriori par un cinéaste, parce que je crois que les morts, les victimes, les martyrs, ont le droit de voir évoquer leur sort d’un mot qu’ils ont connu, qu’ils auraient pu comprendre, dont l’horreur leur eut été familière, si la familiarité est jamais envisageable au regard de l’abomination.

Parlons plutôt des camps de la mort, des chambres à gaz, de l’extermination des juifs d’Europe.

C’est incontestablement des camps de la mort et du “plus jamais ça” qu’ils ont inspiré à l’Europe et à l’Amérique presque unanime que l’antiracisme politique tire sa légitimité et son pouvoir.

C’est à eux qu’il doit a contrario, de façon négative, par le truchement de l’horreur, sa force, son pouvoir, son extension et son caractère longtemps irréfutable, incritiquable, ce que j’ai appelé jadis ses armes absolues de langage, qui lui servaient et lui servent encore à faire taire, foudroyé, quiconque osait lui présenter la moindre objection et contester son emprise.

L’antiracisme dogmatique n’avait qu’à dire : « Vous oubliez les camps de la mort » ou pis encore : « Vous contestez les camps de la mort » ou, plus subtil, et permettant de ne jamais manquer sa cible : « Vous parlez comme les responsables de la Shoah », sans oublier le trop fameux, mais qui a fini à force d’excès d’usage par devenir presque comique, « Vous nous ramenez aux heures les plus sombres de notre histoire », il suffisait de ces formules-là, maniées presque au hasard, à l’aveugle, sans aucun souci de pertinence et d’exactitude, pour réduire à néant n’importe quel adversaire potentiel, établir sa mort civile et ne laisser que cendres à l’endroit d’où il prétendait, l’inconscient, s’exprimer.

Pendant ce temps, dans l’effondrement général du système de transmission, la Shoah, car ici c’est bien d’elle qu’il s’agit, était érigée en épicentre de l’enseignement scolaire, en insécable ultime, en plus petit commun dénominateur.

Tout pouvait s’écrouler autour d’elle, du système éducatif, mais elle devait rester intangible.

Si plus rien n’était enseigné, si plus rien n’était appris, il fallait qu’elle le fût encore, en relief karstique, comme l’ultime exigence d’un système d’enseignement qui avait renoncé à tout le reste.

L’école produirait à la chaîne des zombies qui pourraient être livrés tels quels, pour achèvement du travail, à l’industrie de l’hébétude — la télévision imbécilisante, la sonorisation permanente, la drogue — tout ce qui façonne cet homme remplaçable, interchangeable, déraciné, déculturé, que souhaite l’industrie tout court et dont ont besoin les grands intérêts internationaux pour continuer leurs affaires ; mais du moins ce zombie aurait-il appris une chose, une seule s’il ne pouvait pas y en avoir deux ; et cet enseignement unique ce serait la bonne doctrine antiraciste, avec en son cœur cet atome terrible, ce diamant noir, cet aleph de la douleur, ce concentré de l’histoire du mal et, nous venons de le voir, de l’histoire tout court, la Shoah.

Mais voilà que cette seule chose dont il était indispensable qu’elle fût enseignée, elle est précisément celle dont l’enseignement devient le plus difficile et se trouve le plus contesté.

Je ne pense nullement ici, faut-il le préciser, à la contestation négationniste “classique”, si l’on ose dire, qui au fond, et c’est tant mieux, n’a jamais posé de véritable problème, de problème politique, en tout cas, idéologique, et encore moins de problème historiographique sérieux, à l’antiracisme.

Pour combattre ce négationnisme-là il était parfaitement à l’aise, il luttait là contre ses pires ennemis, ses ennemis naturels, ceux-là mêmes contre lesquels il a été créé, ceux qu’il est fait pour affronter.

Se battre contre eux c’était, si l’on me pardonne l’expression triviale, son cœur de métier.

Non, je pense bien sûr à cette espèce de néo-négationnisme, qui d’ailleurs ne se donne même par la peine, souvent, de nier ce dont il ne veut, tout simplement, pas entendre parler.

Je pense à ce néo-négationnisme que connaissent bien les professeurs d’histoire, surtout ceux qui enseignent dans les quartiers sensibles face à une majorité de sensibles, comme c’est de plus en plus souvent la cas, et pour cause, et qui ne peuvent, tout simplement, plus enseigner ce qu’ils appellent la Shoah et que je préfère nommer, pour le raisons que j’ai déjà exposées, les camps de la mort, l’entreprise d’extermination délibérée du peuple juif.

Ici l’antiracisme dogmatique se mord la queue, si vous voulez bien pardonner une expression aussi triviale à propos d’un sujet aussi grave.

Il butte sur une contradiction fondamentale, constitutive, puisqu’il voit contester le cœur de son message non pas par ses pires ennemis mais par ses pires ou ses meilleurs amis, ceux-là même que son message a pour mission et pour raison d’être de protéger et de soutenir entre tous et en toutes circonstances, j’allais dire quoi qu’ils fassent.

J’allais le dire et j’aurais peut-être dû car c’est bien de cela qu’il s’agit, malheureusement.

Pour l’antiracisme réel, je veux dire celui du monde réel, celui que nous voyons à l’œuvre tous les jours, il n’y a guère de reproche plus grave, j’en sais quelque chose, que celui d’essentialisme.

Si vous prêtez le flanc de sa part à l’accusation d’essentialisme, méfiez-vous, dans contexte où accusation vaut condamnation, au moins médiatiquement, votre affaire sent le roussi.

Or il n’y a pas plus essentialiste que l’antiracisme du monde réel, ce communisme du XXIe siècle, puisque les actes ne sont rien pour lui, dans le jugement moral et juridique qu’il porte sur eux, et que ce qui compte, ce qui permet seul d’en évaluer la valeur ou la nocence, la gravité ou l’in-nocence, c’est l’appartenance d’origine, non pas même la nationalité, mais la religion, la civilisation, la “communauté”, la race, disons le mot, de celui ou de celle qui les accomplit.

De jeunes sensibles des quartiers sensibles esquissent la lapidation de fidèles chrétiens pendant un office dans une église de Carcassonne : ce n’est rien, c’est la routine, mieux vaut ne même pas en parler, et si des imprudents ou des personnes mal intentionnées y font allusion il convient de bien expliquer que de tels actes sont la conséquence de la misère sociale, du chômage, de l’inégale répartition du chômage, du racisme, en somme, du racisme dont ces jeunes sensibles caillasseurs sont les victimes et sur lequel on n’insistera jamais assez.

La seule réplique possible à de tels actes c’est de dépenser plus d’argent au bénéfice desdits sensibles dans les quartiers sensibles, de subventionner plus largement les associations qui œuvrent au maintien toujours à renforcer du lien social dans les zones d’action prioritaire, voire d’encourager sans trop le dire les autorités religieuses à accroître leur influence censément modératrice sur les jeunes adeptes de la lapidation.

En revanche de jeunes indigènes et assimilés s’introduisent-ils sans agresser personne sur le toit d’une mosquée en construction pour y déployer une banderole, y parler dans un porte-voix et y réclamer la consultation du peuple, aussitôt la République est menacée, plusieurs d’entre eux sont gardés à vue aussi longtemps que le permet la loi et il est fortement question pendant quelques jours de l’interdiction et de la dissolution du groupe auquel ils appartiennent.

Quelle preuve de plus demande-t-on que les actes ne sont rien ?

Ce qui compte seul, c’est l’origine de ceux qui les commettent.

Et si l’on veut des preuves de plus, il est facile d’en fournir des centaines.

Or il ne s’agit pas là d’un accident.

L’illogisme, l’aporie, l’impossibilité conceptuelle, l’autocontradiction sont au cœur du dogme antiraciste puisqu’il pose d’emblée deux préceptes incompatibles : premièrement que les races n’existent pas ; deuxièmement qu’elles sont égales.

Si elles n’existent pas, comment peuvent-elles être égales ?

Si elles sont égales, comment peuvent-elles ne pas exister ?

De cette répudiation principielle de la logique au nom de la morale, au nom de la nécessité, de l’urgence, du désir de paix et du très légitime “plus jamais ça”, procèdent tous ces autres défis à la raison qui sont lancés quotidiennement, et menaces à l’appui, par l’antiracisme dogmatique, par le dogme, en somme, le dogme entre les dogmes.

Vous vous souvenez d’un des ridicules pseudo-scandales qui ont ponctué l’année médiatique, comme toutes les autres depuis des lustres mais à un rythme qui va s’accélérant, avec des effets d’ailleurs un peu moindres chaque fois comme si, au sein du peuple, même les plus dévots sectateurs du dogme commençaient à avoir un peu de mal à s’indigner mécaniquement, chaque fois, avec la même intensité.

Je pense pour l’heure à la pseudo-déclaration de M. Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur du moment, selon laquelle les civilisations ne seraient pas égales.

La plupart de ceux qui sont alors montés sur leurs grands chevaux pour réclamer la démission du ministre, alors bien près de quitter le pouvoir de toute façon, ne trouvent aucune espèce d’inconvénient, en voyage ou dans les musées, à entendre, à lire, ou même à dire eux-mêmes que telle ou telle civilisation est merveilleuse, admirable, exceptionnelle, ou même qu’elle compte parmi les plus précieuses et raffinées que la terre ait portées.

Non, cela, on a parfaitement le droit de le dire et nul, jusqu’à présent, ne songe à s’indigner de pareille déclaration.

Si certaines civilisations sont admirables, pourtant, exceptionnelles et plus précieuses que d’autres c’est bien, par définition, que d’autres le sont moins et que toutes, donc, ne sont pas égales.

C’est d’ailleurs dans le concept d’égalité que repose le ver logique qui gangrène par contagion l’antiracisme dogmatique.

Pourtant la faiblesse conceptuelle de l’égalité n’est pas tant d’ordre logique que d’ordre moral et, parallèlement, esthétique.

Je n’ai rien contre l’égalité en droit qui est d’ailleurs la seule, officiellement, à avoir cours dans notre République — étant bien entendu qu’elle est ou qu’elle devrait être un égalité entre les citoyens et en aucune façon une égalité entre les citoyens et les non-citoyens, sans quoi la citoyenneté n’a plus de sens.

L’égalité en droit est un beau défi à la réalité des choses, à la nature, aux lois de la gravitation.

C’est une construction de l’esprit qui triomphe ou pas de la matière, et en cela elle est pleinement respectable.

Mais la loi ne nous impose que l’égalité en droit et ce serait très abusivement qu’on prétendrait remonter ou descendre, à partir d’elle, vers des égalités plus fondamentales.

Les hommes ne sont égaux que devant la loi et, peut-être, ontologiquement, devant un dieu terrible et tout-puissant, si lointain et si indifférent que leurs accomplissements et inaccomplissements de lui seraient rien.

Ils sont égaux, peut-être, et encore, au premier vagissement, et plus sûrement au dernier râle, dans l’agonie, devant le mystère, face à la peur, au seuil de l’inconnu.

Mais dés qu’ils sont hommes, qu’ils sont et qu’ils font quelque chose, qu’ils assument leur humanité, ils sont inégaux.

J’avoue que je ne vois pas, que je n’ai jamais pu voir, comment l’égalité — autre que juridique, et, éventuellement, ontologique — était compatible avec la morale, et bien sûr avec l’esthétique : avec la beauté, avec l’art, avec la civilisation nous y revoilà.

Quelle égalité y a-t-il entre Laurent Ruquier et Yves Bonnefoy, entre Vaclav Havel et Mouammar Kadhafi, entre Enoch Powell et Harlem Désir ?

Si égalité il y avait entre ces personnages que tout sépare quant à l’intelligence, les accomplissement, la qualité humaine, la valeur pour leur peuple et pour l’humanité, il n’y aurait rien de plus décourageant pour l’âme et pour l’esprit, pour l’intelligence et pour la volonté, pour l’énergie et pour la vertu ; car cette égalité signifierait qu’il ne sert à rien de peindre la chapelle Sixtine ou d’écrire la Recherche du temps perdu, à rien de prononcer le discours du 18 juin 1940, de déposer une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu le 11 novembre 1940, de monter l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944, à rien de ne pas tuer, de ne pas nocer, de ne déranger en rien ses contemporains ou de les exalter par son art et par son courage, tout cela ne servirait à rien, à rien, à rien, puisqu’on ne serait toujours que l’égal de Chevallier et Laspalès, de Julien Dray ou de Mohammed Merah.

C’est le renoncement, c’est la mort qui disent ça m’est égal.

De l’égalité sortie de son lit on peut dire ce qu’Eschyle dans Agamemnon disait d’Hélène de Troie, la belle Hélène :

« Elle a perdu les villes, perdu les vaisseaux, perdu les hommes ».

En France elle a perdu l’enseignement, détruit le système éducatif, mis à bas l’appareil de transmission culturel puisque la volonté de donner à tous la même éducation n’a assuré qu’une chose, que tous reçoivent la plus mauvaise, et que bientôt plus personne n’en reçoive aucune.

C’est ce que j’appelle l’enseignement de l’oubli et j’ai souvent souligné à quel point il était indispensable au changement de peuple, au Grand Remplacement, auquel j’arrive dans un instant et sur lequel je finirai, en plus d’un sens j’en ai peur.

Mais encore un mot, en guise de transition, sur cet illogisme fondamental qui est au cœur de l’antiracisme dogmatique, et sur ses conséquences.

L’antiracisme, à cause de lui, ne peut pas aller au bout de ses raisonnements.

Il se bâtit tout entier et il n’a pas tort sur l’horreur de camps de la mort et sur le “plus jamais ça” mais il aboutit à une situation où, du fait même de son action, dans le monde qu’il a créé, multiculturel, pluriethnique et diversitaire, le camps de la mort sont précisément ce qui ne peut plus être enseigné.

M. Guéant dit plus ou moins que les civilisations ne sont pas égales, il ne se trouve personne, et pour cause, pour le contredire expressément, mais le complexe médiatico-politique est unanime néanmoins pour juger ce qu’il a dit scandaleux, monstrueux, abject, criminel, ah, oui, et bien sûr le fameux nauséabond — vous connaissez aussi bien que moi ses éléments de langage symptomatiques et ses adjectifs préférés.

Richard Millet et moi devrions fonder l’école nauséabonde, le nauséabondisme, et inviter quelques autres à nous rejoindre

Pour prendre un épisode à la fois plus trivial et plus récent, M. Jean-François Copé, qui aurait pu s’en aviser plus tôt, entre nous, s’apitoie sur le malheur des enfants indigènes qui se voient arracher leur pain au chocolat par des sensibles, durant le ramadan, parce que cette modeste pâtisserie est perçue comme une provocation par ceux qui jeûnent et, plus scandaleusement encore, comme une impiété, ce que nous appellerions un sacrilège, même de la part d’infidèles.

Personne ne se demande si les épisodes que cite M. Copé sont vrais ou ne sont pas vrais — en fait nous savons tous très bien qu’il en survient chaque année des dizaines de milliers de semblables, et autrement plus graves.

Personne ne se demande si de tels épisodes sont effectivement scandaleux, inadmissibles, et témoignent lamentablement de la situation objective de notre pays et de notre peuple.

Non, pareilles questions ne seront pas posées.

La seule question qui sera posée, la seule qui intéresse le complexe médiatico-politique — autant dire l’antiracisme dogmatique au pouvoir idéologique —, c’est de savoir si M. Jean-François Copé a eu tort ou a eu raison d’évoquer les scènes enfantines et scolaires qu’il a évoquées.

Le pouvait-il ?

En avait-il le droit ?

Quels desseins poursuivait-il en le faisant ?

Cette structure se montre encore mieux à découvert avec la ridicule affaire du racisme anti-blancs, dont le cercle des autorisés de parole affecte de s’émouvoir ces temps-ci.

Le jeu est le même, à plus vaste échelle.

Jamais il n’est question de savoir si ce concept, puisqu’il paraît que c’est un concept, recouvre quelque chose de tangible, des faits qu’on pourrait répertorier, des situations qu’on pourrait exposer clairement.

Non.

La seule question qui intéresse l’appareil médiatique et sa dépendance politique c’est : qui se permet de parler de racisme anti-blancs et qui ne se le permet pas ?

Et qu’attendent les uns et les autres de leur attitude ?

Quel est leur calcul ?

La vérité est que cette question simple et pourtant fondamentale, pourrait-on croire, est-ce vrai ?, est bannie de notre société.

Elle est remplacée par cet autre, qui semble infiniment moins pertinente : a-t-on le droit le dire ?

À cette dernière question et de façon générale la réponse est non, bien entendu.

Et comme la question de la vérité ne peut ni ne doit être posée, qu’on n’imagine même qu’elle puisse l’être, ceux qui parviennent encore à s’exprimer, après avoir donné tous les gages requis de docilité au complexe médiatico-politique, ne sont pas jugés sur ce qu’ils ont dit, ce serait trop simple et trop dangereux, mais sur ce que, l’ayant dit, ils ont pu insinuer par là, vouloir dire, souhaiter qu’on comprenne, exprimer sur le mode subliminal.

La vérité est si fort bannie ; le réel est si rigoureusement exclu ; nous sommes si étroitement encerclés par ce que je me suis permis de baptiser le fauxel, le règne du faux, celui où l’évidence la plus éclatante n’est relevée par personne, où les habits de fil d’or invisible du roi, au contraire, sont docilement admirés par tous bien que le roi soit nu ; l’interdiction de dire et d’abord de voir est tellement ancrée dans les esprits que personne n’imagine une seule seconde que qui que ce soit puisse dire la vérité.

Tel qui le ferait et parlerait sous son vrai nom, ouvertement, ne pourrait être qu’un fou, un inconscient, un innocent, un suicidaire, un monstre, le plus nauséabond des nauséabonds.

Cette vérité, en effet, quelle est-elle, et pourquoi faut-il qu’elle soit tue ?

Cette vérité c’est le changement de peuple, le changement de civilisation qu’il implique nécessairement, le changement d’histoire, pour le futur mais aussi pour le passé, puisque l’histoire de notre patrie est tous les jours réécrite sous nos yeux.

Il n’y a que nos amis socialistes pour avoir été un peu honnêtes, ou cyniques, je ne sais, avec leur slogan de campagne, le changement c’est maintenant.

En effet, le changement de peuple c’est maintenant.

Le changement de civilisation c’est maintenant.

Il est vrai que les slogans de campagne ont tendance à être, volontairement ou pas, l’ultime refuge de la vérité, car Nicolas Sarkozy avait été bien honnête lui aussi avec son notoire La France d’après.

Certes il ne précisait pas d’après quoi mais tout le monde avait bien compris, et le quinquennat l’a amplement vérifié : la France d’après la France, l’après France, le post-France

J’ai été invité à vous entretenir du Grand Remplacement qui est l’une des quatre ou cinq expressions que le parti de l’In-nocence et moi sommes arrivés à introduire, jusqu’à présent, dans le vocabulaire politique de l’heure.

Mais le Grand Remplacement, puisque vous êtes ici, je n’ai pas besoin de vous dire et de vous expliquer ce que c’est.

Vous avez un peuple et quasiment du jour au lendemain, à l’échelle des peuples, en une génération, vous avez à sa place, sur son territoire, un ou plusieurs autres peuples.

Vous avez une culture, une civilisation et en moins de temps qu’il n’en faut à un enfant pour devenir adulte, à un jeune homme pour devenir un homme mûr, se développent sur le même territoire, par substitution, d’autres cultures, d’autres civilisations dont M. Guéant me permettra de dire qu’elles ne valent pas celle qu’elles remplacent, au moins pour prospérer sur ce territoire-là.

Poitiers m’en soit témoin, voici que vous avez autour de vous d’autres monuments, d’autres édifices religieux, d’autres visages, d’autre relations entre les hommes et les femmes, d’autres façons de se vêtir, d’autres langues bien souvent et de plus en plus, une autre religion, d’autres nourritures et d’autres rapports à la nourriture, d’autres façons d’habiter la terre et plus encore d’habiter tout court, d’habiter les immeubles, les cages d’escalier, les quartiers, d’autres façons d’administrer l’espace, d’autres rapports à la nature, à l’environnement, à la loi, à la délinquance, à la violence, au contrat social, à la protection sociale, au pacte d’in-nocence, de non-nuisance.

J’estime pour ma part, et je commence à n’être pas le seul, que ce changement de peuple, ce Grand Remplacement, est, quoi qu’on puisse en penser d’autre part, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le phénomène le plus important de l’histoire de France depuis quinze siècles.

Christopher Caldwell, le journaliste américain, demande, dès le titre de son livre si l’Europe peut être la même avec une autre population.

À cette question il est bien évident que la réponse est non.

Est-ce que la France peut-être la même si elle est habitée par un ou plusieurs autres peuples ?

À cette question il est bien évident que la réponse est non.

C’est l’éternelle histoire du couteau de Lichtenberg, dont on change le manche, puis la lame.

Est-ce le même couteau ?

Ce pays pourra encore s’appeler la France, ou bien il prendra quelque nom nouveau ou très ancien, qui sait, Frankistan, une appellation qu’on rencontre couramment dans les récits de Croisades, ou bien El Frandjat, comme le nommaient au temps de leurs espérances de conquête les vaincus de Poitiers.

Seule une conception bien humiliante de l’homme, bien basse, bien médiocre et bien fausse, et d’un homme bien déculturé, bien déraciné, bien désoriginé, bien réduit à lui-même, bien interchangeable, en un mot, bien remplaçable, seule une telle conception décourageante de l’humanité pourrait imaginer qu’il s’agirait encore, avec une autre population, du même pays.

Cette conception de l’homme elle est pourtant celle de nos remplacistes, qui ont besoin pour leurs affaires de cet homme remplaçable à merci, qu’on peut indifféremment placer ici ou là selon les besoins de l’économie mondialisée.

Et cet homme remplaçable il est celui que produisent à la chaîne l’enseignement de l’oubli et l’industrie de l’hébétude, en ses deux branches parallèles et complices, l’imbécilisation spectaculaire-marchande, d’une part, l’économie parallèle d’autre part, la drogue, dont il n’est pas indifférent que le trafic soit très majoritairement entre les mains de nos sensibles remplaçants.

Je l’ai dit deux mille fois, seul un peuple hébété se laisse mener sans regimber dans les poubelles de l’histoire.

Encore faut-il tout de même que ce ne soit pas dit, qu’on ne lui dise pas où on le conduit, même s’il ne tiendrait qu’à lui de s’en apercevoir.

Comment est-il possible qu’un phénomène aussi énorme que le changement de peuple, le Grand Remplacement, auprès duquel même la crise économique, la terrible crise, n’est qu’un épiphénomène, un contre coup secondaire — ce n’est évidemment pas un hasard si la crise mondiale frappe principalement les nations, et d’abord celles d’Europe, qui sont en butte au changement de peuple —, comment se fait-il qu’un tel phénomène, qui représente exactement tout ce que nos ancêtres se sont ingéniés de toutes les façons possibles à éviter, et d’abord en donnant leur sang, comment se fait-il qu’un tel phénomène puisse se dérouler en silence, sans susciter de grandes protestations, sans tenir de place notable dans les élections, par exemple ?

Eh bien c’est là que joue son rôle ce défaut logique constitutif de l’antiracisme dogmatique dont je parlais plus haut, et qu’il a retourné en instrument de pouvoir, et même d’abus de pouvoir, en substituant en permanence la question peut-on le dire ? (or on ne peut pas) à la question est-ce vrai ?

La question est-ce vrai ? ne sera pas posée, jamais, car si elle était posée, comme il n’est pas logique avec lui-même, il s’effondrerait.

C’est pourquoi les citoyens sont constamment invités par le journalisme à n’en pas croire leurs yeux, ni leur expérience, ni leurs sentiments naturels, ni leur indignation ou leur souffrance, et à s’en remettre constamment à la médiation des experts, des intellectuels organiques, des sociologues de cour (de la cour dogmatico-antiraciste) qui leur expliqueront ce qui leur arrive vraiment, que tout ce qu’ils croient observer est une illusion, que tout cela est dans leur tête, que leur sentiment d’insécurité est précisément cela, un sentiment, et rien d’autre, et qu’à l’école, contrairement à ce que pourrait laisser croire une observation superficielle, le niveau monte.

Notre peuple s’est fait ravir son regard, sa parole et même sa souffrance par le complexe médiatico-politique, agissant au nom de l’antiracisme dogmatique qui, à cause de cet illogisme qui est à son fondement, ne peut pas tolérer que soit posée la question de la vérité, lui substitue constamment celle de la liberté de dire et de ne pas dire et a donc une tendance naturelle, inévitable, à la tyrannie, parce qu’il est fondé sur le mensonge.

Ce système fait constamment appel à la morale, mais la morale ne peut être de son côté, parce qu’il n’y a pas de morale sans vérité et que la vérité il ne peut, littéralement, pas la supporter.

C’est pourquoi je suis si reconnaissant aux organisateurs et aux acteurs, qui sont peut-être les mêmes, de l’in-nocente et brève occupation de la future mosquée de Poitiers, et pourquoi j’ai tenu, puisqu’on m’invitait, à être ici pour leur dire ma gratitude et mon admiration.

Les actions comme la leur sont la dernière chance de tirer notre peuple de sa torpeur avant que ne soit parachevée la substitution dont il est l’objet, le Grand Remplacement.

…………………………………….

Pardonnez-moi, je voudrais ajouter un mot, quitte à paraître me mêler de ce qui ne me regarde pas. L’association Défense Républicaine organise samedi prochain, à Paris, une manifestation contre l’islamisation. Elle l’a intitulée “Marche contre le fascisme islamique” — on peut avoir des réserves quant à ce choix de nom, le parti de l’In-nocence en a exprimé, nous aurions préféré une autre formulation. Mais l’heure n’est plus à de vains chipotages. Je crois comprendre que le Bloc Identitaire hésite à se joindre à cette manifestation, que sa décision n’est pas prise. Eh bien, avant qu’elle le soit, je l’adjure de participer à cette marche. Nous n’avons plus que très peu de temps. Demain il sera trop tard. Ne laissons pas des querelles de personnes ou des excès de sensibilité sémantique nous diviser. Il s’agit du salut de la patrie. Rien ne doit séparer ceux qui ne veulent pas du changement de peuple, du changement de civilisation, du Grand Remplacement.

Renaud Camus

EmailPrintFriendlyBookmark/FavoritesFacebookShare

Mots clés : , , , , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*