Société France

Affaire Richard Millet : Voltaire, réveille-toi, ils sont devenus fous ! (2ème partie)

17 septembre 20120
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2012 : la pensée unique bat le libre arbitre par KO

Ainsi donc, ils auront finalement eu sa peau… Renaud Camus n’est plus le seul pestiféré du joli petit monde des lettres françaises. Après deux semaines de campagne incessante d’une violence inouïe dans tous les journaux et sur toutes les ondes radios, nos petits censeurs de liberté d’expression, nos écrivailleurs à ciseaux auront finalement eu gain de cause : Richard Millet a dû jeter l’éponge : il ne participera plus au comité de lecture des éditions Gallimard.

Il serait assez cocasse si cela n’était en réalité simplement dégueulasse de constater que les cuistres qui ont mené la meute -et avec quelle agressivité, quelle haine !- prétendent l’avoir fait au nom, bien entendu, des idées de tolérance et de générosité, en courageux défenseurs des droits de l’homme… Les braves gens !

Sans doute mis en appétit par l’incontestable succès de leur précédente campagne pour l’éradication littéraire quelques semaines plus tôt d’un Renaud Camus ayant eu l’outrecuidance de dire qu’il voterait pour Marine Le Pen aux présidentielles, observons-les un peu ces courageux exécuteurs de basse police, qui se sont une fois de plus rués en masse pour brûler un homme seul en place publique : Oui, écoutons-les, et lisons-les cracher leur venin, ces Fouquier-Tinville de bastringue, ces Tahar Ben Jelloun, Jérôme Garcin, Annie Hernaux, Laure Adler, tous ces « écrivaillons tellement insignifiants que je me demande si il n’y en a pas déjà la moitié de morts » (Pierre Desproges, Le Tribunal des Flagrants Délires) et ce Jean-Marie Le Clézio, « l’inoubliable auteur de … L’inoubliable auteur ». (Pierre Desproges, idem) :

Tahar Ben Jelloun :

Sur France Inter d’abord :

 

http://www.dailymotion.com/video/xt3wda

 A noter -mais cela étonnera qui ?- la haine invraisemblable affichée dans cet interview par la détestable Pascale Clark : chacune de ses interventions suinte le mépris que lui inspire Millet, et elle demande sans cesse des conséquences pour le coupable, incite aux sanctions ! Elle veut du sang, en bon petit commissaire du peuple façon révolution culturelle qu’elle a toujours été. Mais évidemment on ne sévit pas sur le France Inter d’un Philippe Val et aux côtés d’une Caroline Fourest sans raison !

Et Jelloun ne s’arrête pas en si bon chemin, il en remet plusieurs couches :

 « …provocation ridicule, inutile et dégueulasse »… « J’étais un peu habitué à son délire raciste, mais là il va beaucoup plus loin. La littérature ne doit pas se placer du côté des criminels et des salauds. ». Et en guise de conclusion presque déjà définitive : « Ça me gène beaucoup qu’il soit là, il faut qu’il s’en aille. Ce n’est pas possible qu’on coexiste dans une maison qui a des valeurs, des principes. On ne peut pas distinguer la technique et la morale. »

Jérôme Garcin, qui décroche peut-être dans le Nouvel Observateur, et bien qu’il y ait concours, la palme de l’ignoble :

A propos de Anders Breivik : « …ce Norvégien de 33 ans est un écrivain selon son coeur: il a de l’encre et du sang sur les mains » (sic)

Annie Hernaux dans Le Monde :

« un acte politiquement dangereux », «son idéologie, ses prises de position engagent la maison » et encore une fois songeant déjà à demander une tête : « La question d’une réaction collective est maintenant posée à tous les écrivains Gallimard ».

Laure Adler sur France Culture :

 « Richard Millet fait des livres qui sont scandaleux sur le plan du respect des droits de l’Homme », puis elle aussi réclamant la sanction : « Antoine Gallimard va être obligé de prendre des décisions rapidement »  et « lisons ce qu’il écrit et tirons-en des conséquences. Faire d’un tueur en série un héros de notre temps est très, très, très, très grave ».

Jean-Marie Le Clézio dans le Nouvel Observateur encore (quelle surprise !) :

«lugubre élucubration»…«Au nom de quelle liberté d’expression, à quelles fins, ou en vue de quel profit un esprit en pleine possession de ses moyens (du moins on le suppose) peut-il choisir d’écrire un texte aussi répugnant?»

Peu leur importe à tous ces censeurs à la petite semaine que jamais Richard Millet ne fait de Breivik un héros admirable dans son fameux éloge. Peu leur chaut qu’il réprouve très clairement cette tuerie (1). Car l’heure est au règlement de compte, à l’hallali. Il est vrai que le bonhomme a pour nos bonnes âmes et depuis bien longtemps un casier déjà trop chargé. Il a toujours pensé -et écrit- en dehors des clous. De leurs clous. Sans compter ses succès d’édition et son talent de plume. On a la jalousie mesquine et tenace dans le petit monde germanopratin de l’édition française. L’occasion est donc trop belle de lui régler définitivement son compte, même si il faut pour cela faire semblant d’avoir lu un texte qu’ils n’ont sans doute pour la plupart d’entre eux pas même survolé en diagonale.

A quand les autodafés et le bûcher sur la place de Grève ?

Il ne s’agit donc plus de condamnation, de mise au pilori médiatique : il s’agit d’éradication, de mise à mort sociale : on demande -et c’est sidérant on obtient- la mort professionnelle du mal-pensant : Dieudonné, Renaud Camus, Robert Ménard, Eric Zemmour, à présent Richard Millet… Nos Torquemadas d’opérette ont toujours demandé et presque systématiquement obtenu pour l’un l’annulation de ses spectacles, pour l’autre son éjection de sa maison d’édition, pour le troisième son renvoi de Canal + et RTL… Aujourd’hui, la campagne immonde de calomnie crasse contre Richard Millet, basée sur une lecture biaisée et pour ne pas dire foncièrement malhonnête de son dernier opus le pousse donc à la démission du comité de lecture de Gallimard, car quelqu’un qui « pense mal » ne saurait donc « lire bien », même si d’ évidence tout dans son palmarès d’éditeur prouve le contraire (2 prix Goncourt ces dernières années, qui pourrait en dire autant ?)

Il ne suffit plus de rejeter l’impétrant hors du champ de la raison : il faut s’attaquer à sa place dans la société des hommes, à sa situation sociale, carrément à ses sources de revenus et donc au final à son existence même.

Concernant un Eric Zemmour, s’il parvient encore et malgré tout à maintenir une certaine présence sur les médias (mais infiniment moindre qu’auparavant : viré de On est pas Couchés sur France 2, viré de débat sur France O, en partie viré de RTL – plus que deux chroniques au lieu de cinq, mais sauvé de justesse par des appels innombrables d’auditeurs en colère, presque viré du Figaro avant que les lecteurs là aussi ne montent au créneau), et après sa condamnation judiciaire invraisemblable, sa survie tient sans doute à ses incontestables succès d’audience, mais peut-être surtout au fait qu’il est très compliqué de l’accuser de fascisme et d’antisémitisme, l’arme absolue du meurtre médiatique. Et pour cause ! Pour pouvoir encore -un peu- penser de travers en France, il sera donc désormais impératif d’être juif ?

Belles âmes droits-de-l’hommistes et islamistes, même combat !

Arrêtons-nous un instant en effet à cette ubuesque et si significative coïncidence : au moment même où nos médiacrates de service hurlaient leur colère et demandaient et obtenaient la tête de Richard Millet, des barbus tout aussi hystériques, se dressaient à travers le monde et jusqu’en plein cœur de Paris, avec la même exigence outragée de faire rendre gorge à « l’impie », contre la diffusion (pourtant confidentielle jusque là sur Internet) d’un film qu’ils n’avaient bien évidemment eux aussi jamais visionné !

Les hasards de l’actualité sont décidément parfois terriblement cruels pour les tartuffes de la bien-pensance ! Mais a-t-on seulement une réelle idée de la régression  intellectuelle et sociétale à laquelle nous assistons ?

ML – La Plume à Gratter

 (1) Il dépeint Breivik comme « un produit exemplaire de la décadence occidentale » et dit explicitement « Je n’approuve pas les actes commis par Breivik le 22 juillet 2011 ».

 

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