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À propos de nouveaux communiqués triomphants de l’ASL et de l’OSDH…

6 juin 20120
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Publié le : 04 juin 2012

Source : infosyrie.fr

L’OSDH affirme ce lundi après-midi, sur la base d’informations qui lui auraient été transmises par des groupes armés, que ceux-ci auraient tué une centaine de soldats à travers la Syrie au cours du week-end, et l’officine de Rami Abdel Rahmane prétend avoir déjà pu identifier 80 d’entre eux auprès de sources médicales locales. Cette hécatombe serait la conséquence directe de la « rupture de la trêve » par l »ASL, après la tuerie de Houla. Les combats auraient été particulièrement meurtriers dans le secteur d’Ariha, une ville de 50 000 habitants à une quinzaine de kilomètres au sud d’Idleb : à en croire l’OSDH/ASL, « quatre à six points de contrôle » de l’armée autour d’Ariha ont été attaqués et détruits par les rebelles au cours des dernières 24 heures.

Les obsèques militaires, seule statistique fiable

Sana ne signale pas – pour l’heure -  ces combats, ni ne confirme ces bilans. Mais elle continue de donner un compte-rendu apparemment exhaustif des cérémonies funèbres de militaires et policiers tombés au combat ou assassinés, leurs noms, leur grades, le lieu ou la région où ils sont tombés.

-Le samedi 2 juin, 25 « martyrs » on été enterrés, parmi eux trois employés civils et un policier, ce qui fait 21 victimes militaires, tombés dans la banlieue de Damas, à Homs, Alep, Lattaquié et Idleb, certainement pour la plupart dans la journée du vendredi 1er juin, les obsèques selon la tradition arabe suivant de peu le décès.

-Le dimanche 3 juin, Sana dénombre 22 victimes, dont un policier, mais ne précise pas, pour une fois, le lieu de leur mort, survenue vraisemblablement samedi ou  dimanche matin.

-Le lundi 4 juin, en fin d’après-midi Sana annonce 30 nouvelles victimes, toutes militaires : quatre officiers, dix sous-officiers et seize hommes du rang, tombées à Damas, sa banlieue, Deraa, Homs, Alep et Idleb.

L’OSDH évoque un bilan des « dernières 24 heures » de combat. Donc ces pertes militaires seraient survenues dimanche et lundi matin. Mais si l’on additionne les chiffes donnés par Sana pour les obsèques de dimanche et de lundi on arrive à 51 victimes militaires. Il est peut-être possible que d’autres soldats tués dans les dernières heures n’aient pas encore été enterrés. Peut-être, il faudra voir ce que dit l’agence de presse officielle demain 5 juin.

Certains ne se priveront pas d’avancer que Sana cache des cadavres, minore les pertes de l’armée. Nous ne le croyons pas : depuis le début de la crise, depuis plus d’un an, l’agence syrienne semble mettre un point d’honneur à signaler, presque quotidiennement, le décès des « martyrs » tombés face à l’insurrection. Entre le jeudi 31 mai et ce lundi 4 juin, elle annonce quand même un total de 98 victimes dont 90 environ appartiennent à l’armée. C’est déjà un chiffe impressionnant, auquel il faut ajouter certainement le triple ou le quadruple de blessés. Et ça ne va pas vraiment dans le sens d’une édulcoration ou d’un dissimulation d’une réalité tragique. Mais ce ne sont pas les 80 ou 100 tués en 24 heures (dimanche et lundi) claironnés par l’OSDH et l’ASL, connus quand même pour leur propension à mentir et exagérer les bilans, qu’il s’agisse du nombre de manifestants d’opposition, du nombre de victimes civiles du pouvoir, et aussi du nombre de tués causés dans les rangs de l’armée régulière par les « valeureux » et « efficaces » combattants de l’ASL, censés attaquer les militaires pour défendre les civils. Répétons donc  tranquillement que rien ne prouve la véracité des dernières assertions de l’OSDH, et que tout dans a pratique passée incite au scepticisme.

La falsification comme « arme lourde » de l’opposition

Il est certain que pour « marquer le coup » de sa dénonciation officielle de la trêve du 12 avril – que les groupes qui lui sont théoriquement affiliés n’ont jamais respectée – l’ASL a du redoubler ses attaques partout où elle le pouvait. Il et plus que possible aussi que des armes plus performantes lui soient ces dernières semaines, en dépit des saisies et des contrôles de frontières, parvenues depuis le Liban ou la Turquie. Une ASL d’autant plus agressive que la plupart des observateurs et experts, y compris semble-t-il un Nabil al-Arabi (N°1 de la Ligue arabe) ce week-end à Doha, ont reconnu que la guérilla, même ravitaillée en armes, ne pouvait venir à bout de l’armée syrienne : l’état-major de l’ASL est bien consciente de ce scepticisme des experts sur ses capacités stratégiques, et voudrait à tout prix les démentir par des communiqués de victoire.

Il est non certain aussi que le discours de Bachar devant l’Assemblée du Peuple, dimanche, donnait aussi le signal d’une accélération et d’une intensification de la riposte de l’armée contre les bandes. Donc les combats sont en train de s’accroître, avec comme inévitable corollaire l’alourdissement des pertes. Des deux côtés : car observons que si Sana ne cache rien des vides creusés par l’insurrection – plus par assassinats et attentats que par combats -, l’OSDH et plus encore la direction de l’ASL sont plus « discrets » quant aux pertes des insurgés, certainement pas inférieures à celles d’une armée régulière considérée comme mieux équipée, notamment en armement « lourd », sans parler des hélicoptères.

Il est très possible, et nous avons d’ailleurs déjà envisagé cette hypothèse, que nombre de ceux que l’OSDH désigne comme des « civils » (pré-supposés innocents) tués par l’armé soit en fait des combattants de l’insurrection : en ce qui concerne Houla, par exemple, le gouvernement syrien a affirmé que nombre des cadavres (enveloppés d’un linceul) présentés aux observateurs de l’ONU et à la presse étrangère comme des victimes civiles de l’armée ou des chabihas étaient en fait ceux des activistes tués au cours de l’attaque – confirmée par les deux parties – d’unités rebelles contre les postes de l’armée.

L’opposition radicale, par ses vidéos, ses bilans, ses communiqués, sa manie de systématiquement attribuer ses crimes et ses attentats – à commencer par ceux ayant ensanglanté Damas – au pouvoir, a une pratique courante du mensonge et de la manipulation médiatique et, au minimum, de l’exagération. Il nous semble que ces derniers bilans « militaires » de l’OSDH et de l’ASL participent de cette tradition-là, car pour résumer, les rebelles ne peuvent rêver que d’une » victoire virtuelle », le terrain leur étant défavorable.

Tout de même les attaques des bandes islamo-otanesque ont quand même fait une victime certifiée : le plan de paix Annan : grièvement blessé (par les insurgés beaucoup plus que par le gouvernement), il semble bien vivre ses derniers instants…

Guy Delorme

Obsèques de policiers à Damas le 27 avril : en 16 mois, 2 600 militaires et policiers auraient péri, dont peut-être 400 depuis le début du « cessez-le-feu » le 12 avril

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