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Copé-Fillon : tant de peine pour Le Pen…

15 novembre 20120
Copé-Fillon : tant de peine pour Le Pen… 5.00/5 2 votes

Publié le : 15 novembre 2012

Source : bvoltaire.fr

Il y a peu, nous moquions le match Collon-Fipé.

Peu de choses à ajouter depuis sur le fond, mais quelques codicilles sur la forme : la politique, à l’instar du fromage, doit s’affiner.

Car le bidule, en filigrane au début de la campagne interne à l’UMP, tend à devenir de plus en plus voyant dans la dernière ligne droite menant les deux compétiteurs au dimanche fatidique. Et de quoi s’agit-il ? De la position de l’UMP vis-à-vis du FN, spectre n’en finissant plus d’émerger du marigot depuis 1983. Là, c’est la quadrature du cercle : quand on additionne les voix du centre, de la droite et de son extrême, le vistemboire, pour reprendre l’expression du défunt et regretté Alexandre Vialatte, est largement majoritaire. Alors, pourquoi se tirer, plus qu’une balle dans le pied, le chargeur en entier ?

Bien sûr, l’argument moral : on ne s’allie pas avec le « diable ». Même à Jacques Chirac que tant voulaient mettre en prison en 2002, il fut toujours mis à son crédit de n’avoir jamais pactisé avec « l’extrême droite »… Bien sûr. Vous voulez les noms de tous les « fachos » ayant fait leur pelote au RPR des seventies, transfuges d’Occident et d’Ordre nouveau, sans même parler des autres, partis à l’UDF, frère ennemi « humaniste » du mouvement « gaulliste » ?

Alliance avec le « diable » ? Jamais ! Récupérer leurs électeurs ? Pourquoi pas.

On notera qu’afin de parfaire cette stratégie, c’est d’un autre « diable », Patrick Buisson en l’occurrence, qu’ils implorent l’oracle. Lui a oublié d’être bête et ne se perd jamais dans le noir. Sait fort bien que les forces qu’il sert ne peuvent rien contre les véritables drames touchant notre peuple, désindustrialisation et chômage de masse. Et en bon gramsciste de droite, appuie là où des politiques, ayant largué leur peu de prérogatives d’un côté aux marchés financiers transnationaux et de l’autre à des technocrates européens supranationaux, sont désormais impuissants. À Hollande le mariage gay, à Buisson, actuel mentor de Copé, les pains au chocolat. Ça ne mange pas de pain… même au chocolat.

De leur côté, nos Laurel et Hardy s’attrapent avec des arguments dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas forcément dignes. Fillon qui, invité par Jean-Jacques Bourdin sur RMC ce lundi dernier, l’interrogeant sur d’éventuels accords électoraux avec le FN, répond : « Jamais ! » Et quand la même question concerne son challenger, l’ancien Premier ministre se lâche : « Je ne le crois pas, parce que tout dans ses origines… » Heureusement, un auditeur interrompt le dérapage en roues libres… OK, l’homme est issu d’une famille d’origine roumaine et de confession juive, et alors ? Pierre Mendès-France, tout juif et portugais qu’il fût, ne s’est-il pas engagé dans la Royal Air Force, au service de la France libre ? À force de singer ce que certains pensent être le lepénisme, on finit par en devenir la pathétique caricature, façon Charlie Hebdo

Comme souvent, comme presque toujours, la réalité est autrement plus triviale. Si l’UMP ne s’allie pas avec le FN, ce n’est pas pour des arguments de chaisières, mais tout simplement parce qu’ils savent pertinemment qu’à terme, ils se feront bouffer. Et qu’ouvrir une digue déjà fissurée équivaut à s’y retrouver noyés, le mistigri consistant à faire croire à 64 % d’électeurs de l’UMP favorables à des accords électoraux avec le FN que plus on en parle moins on les conclura.

À défaut de savoir gouverner, les intermittents du spectacle gaullistes savent encore compter… Mais qui, en France, compte encore sur l’UMP ?

Nicolas Gauthier

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