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Choisis ton con, camarade ! Par Aristide Renou

18 octobre 20181
Choisis ton con, camarade ! Par Aristide Renou 5.00/5 4 votes

Publié le : 17 octobre 2018

Source : facebook.com

Il a fallu deux semaines d’intenses cogitations pour y parvenir, sans doute à cause de l’abondance du choix, mais c’est fait.

Et que nous dit le choix de Christophe Castaner pour le poste de ministre de l’Intérieur ? Le précédent titulaire du poste, Gérard Collomb, a quitté ses fonctions en dressant un constat plus qu’alarmant : le Titanic fonce vers l’iceberg à toute vapeur. En fait, peut-être a-t-il déjà heurté l’écueil fatal, on ne sait pas très bien. Mais en tout cas ce n’est manifestement pas le moment de se préoccuper de savoir si l’orchestre joue juste.

Qu’à cela ne tienne : après y avoir mûrement réfléchi (mais alors mûrement, hein ? il ne pourra pas prétendre qu’il a été pressé par les évènements), Emmanuel Macron a choisi la personne qui, entre toutes, lui semblait la mieux à même de garantir le résultat recherché : la tranquillité. Sa tranquillité personnelle jusqu’à la fin de son quinquennat.

En choisissant Castaner, Macron s’est assuré que le ministère de l’Intérieur ne pourrait pas être utilisé contre lui, comme Sarkozy avait utilisé le poste contre Chirac, ou Valls contre Hollande. Pas question qu’un jeune (ou un vieil) ambitieux se serve du tremplin de Beauvau pour venir lui disputer la lumière, ou pire, préparer sa propre candidature en 2022.

Non. Rantanplan gardera sagement la maison pour son maitre.

Pas question non plus d’avoir un ministre de l’Intérieur qui prenne son rôle trop au sérieux. Parce qu’un ministre de l’Intérieur qui penserait VRAIMENT qu’il a en charge la sécurité quotidienne des Français, ce serait un ministre qui se prendrait régulièrement le bec avec le garde des Sceaux, étant donné que les forces de l’ordre étouffent sous une procédure pénale devenue ubuesque, et que, pour des raisons multiples, le travail de la justice consiste aujourd’hui en grande partie à essayer d’éviter à tout prix d’incarcérer les malfrats que lui amènent gendarmes et policiers.

Les forces de l’ordre pêchent (pas très efficacement sans doute, mais enfin, elles pêchent quand même), les magistrats remettent dans la mer la plupart des poissons attrapés.

Un ministre de l’Intérieur qui prendrait sa charge au sérieux, ce serait aussi un ministre qui s’inquièterait haut et fort des flots migratoires qui se déversent dans le cargo France par toutes les déchirures de la coque. Un ministre qui s’inquièterait haut et fort de tous ces « quartiers sensibles », dont chacun a compris maintenant (y compris les journalistes du Monde, c’est dire) qu’il s’agissait surtout de quartiers afro-maghrébins.

Et bien sûr un ministre qui s’inquièterait haut et fort de l’islamisation galopante de parties plus en plus vastes de notre territoire.

Avec Castaner, aucun risque que ces sujets qui fâchent soient mis volontairement sur la table. Non, le ministre inaugurera gentiment les commissariats, il s’occupera de sujets de la plus haute importance, comme le découpage électoral ou la rupture du jeûne du ramadan, et puis il amusera régulièrement la galerie avec quelques castâneries de son cru, et hop, passez muscade.

Comme il faut quand même bien s’occuper un peu des questions techniques, et puis surtout dialoguer avec les syndicats, on lui a adjoint un secrétaire d’Etat censé être compétent dans toutes les affaires de la maison poulaga. Il aura aussi pour charge de faire en sorte que, avec un peu de chance, aucun attentat important, ne vienne ternir le quinquennat du prince-président. Eviter toute disruption du process bottom-up qui devrait accorder un nouveau bail de cinq ans à Macron, quoi.

Que nous dit le choix de Christophe Castaner ? Il nous dit, pour ceux qui en douteraient encore, que Macron se tamponne des questions de police et de justice comme de son premier « enfant de la République » à la peau d’ébène.

Castaner est le parfait complément de Nicole Belloubet, qui poursuit tranquillement à la Chancellerie l’œuvre déconstructrice de Christiane Taubira, les envolées poétiques en moins.

La politique d’Emmanuel Macron en matière de police et de justice, c’est la politique du chien crevé au fil de l’eau. Sauf que le chien crevé, ou plutôt le chien qui crève dans d’horribles souffrances, c’est la France.

Mais quoi ? Notre prince-président a pour ambition de sauver l’Europe, et même le monde, la France que voulez-vous que ça lui fasse ? De minimis non curat Macron imperator. D’ailleurs, par définition, on ne peut pas sauver ce qui n’existe pas.

Et c’est pour ça que Castaner est le parfait ministre de l’Intérieur. Un cerveau creux pour garder une niche vide, quoi de plus approprié ?

Aristide Renou

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Une réponse pour Choisis ton con, camarade ! Par Aristide Renou

  1. Mildred le 18 octobre 2018 à 19 h 37 min

    « Avec Castaner, aucun risque que les sujets qui fâchent soient mis volontairement sur la table. »
    C’est pourquoi le jour même de cette nomination on met l’accent sur « l’affaire Mélenchon » comme pour faire oublier la promotion de ce favori au poste de ministre de l’Intérieur qui comptera pour du beurre.
    Quant au « process bottom-up », il suffit de regarder les sondages pour être sûr que cela ne se produira même pas en rêve.

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